Un écosystème extrêmement diversifié, ancré sur les territoires !

Un véritable écosystème s’est constitué autour de ces musiques dites « actuelles », à la fois populaires et plurielles, qui vont du jazz au hip hop, de la chanson à la variété, du rock au punk, des musiques électroniques aux musiques traditionnelles d’ici et du monde. Ce tissu d’initiatives est particulièrement diversifié, de par les styles musicaux toujours plus hybrides, la grande diversité d’acteurs impliqués, les activités mises en œuvre, les finalités poursuivies et les modes d’organisation.

En effet, issues historiquement de l’initiative privée, les musiques actuelles sont aujourd’hui portées par une myriade de petites et très petites entreprises, mais également par des entreprises d’envergure nationale, voire internationale, ainsi que des structures publiques. Sur les territoires, ces initiatives musicales sont pour la plupart artisanales et très majoritairement associatives. Elles sont portées et soutenues par des bénévoles, des professionnels, et des élus locaux. Elles mobilisent des dizaines de milliers de passionnés. Elles fédèrent, suscitent des synergies autour de lieux ou d’évènements. Elles mettent en valeur les villes, les quartiers, les campagnes, les habitants. Bref, elles sont indispensables à la vitalité culturelle de nos territoires ruraux et urbains.

Les musiques actuelles se sont affirmées depuis plus de trente ans comme un secteur incontournable, à la fois artistiquement, culturellement et économiquement. Organisation de concerts, de festivals, production et diffusion de musiques enregistrées, médiatisation, production de tournées, développement de carrières, action culturelle, répétition, création, enseignement de la musique, fabrication, vente et location d’instruments, de matériels, conseil, formation professionnelle, aménagement, bâtiment, collectage, nombre de services connexes… Aujourd’hui, les acteurs musicaux engendrent une activité importante sur les territoires et font appel à de nombreuses compétences. Ainsi, la filière musicale représente une économie réelle, humaine, ancrée, favorisant les économies locales, suscitant des vocations d’entrepreneurs et générant des emplois techniques, administratifs ou artistiques.

Toutes les structures qui portent ces activités sont intimement reliées les unes aux autres jusqu’à être complètement interdépendantes  ; d’où cette notion d’écosystème. Les musiques actuelles ne peuvent véritablement se développer aujourd’hui sans chercher à renforcer cette diversité et sans maintenir une forme d’équilibre au sein de cet écosystème.

Une filière économique réelle, néanmoins fragile !

Dans la crise globale traversée, la filière musicale connaît un développement réel, mais elle est également touchée par des phénomènes de concentration inédits dans les industries culturelles comme dans le spectacle vivant. Le déploiement de projets artistiques sur les territoires devient de plus en plus difficile. Les soutiens publics se font moins disponibles et se concentrent également sur certaines structures institutionnelles.

L’équilibre de l’écosystème est donc très fragile. Les capacités d’investissement se réduisent. La prise de risque également. Les nombreuses petites structures, indispensables à la vitalité artistique, citoyenne et économique des territoires, sont les premières touchées par les difficultés financières : les salles de concerts, cafés, et festivals ouverts à l’émergence de nouveaux talents, les entreprises qui portent le développement des projets artistiques qu’ils soient labels, tourneurs, ou managers, les collectifs, les studios, les écoles de musiques, les médias,…

Leur vulnérabilité se mesure par les marqueurs de précarité liés à l’emploi : des niveaux de salaires plus bas que la moyenne et des équipes réduites pour réaliser des objectifs pourtant revendiqués largement. Ces manques sont compensés par un recours aux emplois aidés, par des temps partiels subis, et par une forte polyvalence des postes. Cela ne permet pas de mobiliser des compétences nouvelles issues d’autres secteurs, d’autres expériences, et génère un turn over important des personnes et des actions. Des projets disparaissent chaque année. Ils sont remplacées par de nouveaux, portés par des acteurs motivés certes mais toujours plus fragiles. L’impact sur l’emploi est réel, ce qui n’est pas sans conséquences pour les bénéficiaires directs ou indirects, les populations, les artistes, le tissu économique et social de nos territoires.

Aujourd’hui, il est absolument nécessaire d’accompagner la prise de risques, soutenir les démarches solidaires, épauler l’entrepreneuriat, encourager la coopération entre entre initiatives privées et initiatives publiques.. Face à des enjeux inédits, la filière musicale que nous fédérons fait preuve d’une grande maturité, et démontre sa capacité d’innovation. Les acteurs se sont organisés au niveau national au travers des fédérations et syndicats. Sur les territoires, malgré les différences de statuts, de légitimité, de fonctionnement, malgré les concurrences potentielles, ils sestructurent au sein d’espaces de dialogue et de concertation permanents, les pôles et réseaux régionaux. Ils se dotent également d’outils d’observation partagée. Ils défrichent des terrains moins connus et trouvent des potentialités de développement sur les questions économiques, sociales ou environnementales.